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 School Days : analyse shakespearienne

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Windspirit

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PostSubject: School Days : analyse shakespearienne   School Days : analyse shakespearienne Icon_minitimeWed Feb 11, 2009 1:41 am

School Days : analyse shakespearienne Iftheycometoitjg3
Oh yes, young men will do’t, if they come to’t; / By cock, they are to blame.



Il y a toute sortes d'émotions qu'une oeuvre peut véhiculer, mais School Days est un cas à part. Ce qu'il véhicule est assimilable à une sorte de nausée, de dégoût du fond de l'estomac, combiné à une torsion au niveau de la poitrine et des envies de chialer (quoique les armes soient facultatives dans ce cas-ci).

Je vous parle ici d'une tragédie, une tragédie shakespearienne dans le sens du terme le plus vide. La définition stricte d'une tragédie constitue un débat qui ne nous intéresse pas ; son sens le plus vide ("tragique" = "triste") est très inadéquat pour mon dessein ici ; il y a plusieurs tristes choses qui ne sont tragiques (ce matin, lorsque je déféquais, je me retrouvai coincé dans les godes pour manque de pq).

Mais dans le cas de cette entrée, la tragédie dont je parlerai concerne, dépeint la souffrance d'un personnage qui échappe à tout manichéisme, mais que les circonstances de la vie ont teinté de peur et de pitié ; je me dois, ici, de pauser ce speech et de prévenir le lectorat que cette entrée contient deux images sanglantes qui troublera le lecteur à la sensibilité exacerbée. Vous aurez été prévenus.

I: Love in a Calvinist Climate

Je dois avouer avoir aimé certaines choses dans School Days. Ce n'était pas moche ; rien de révolutionnaire, mais tout avait de la gueule et brillait (quoique je m'éloigne de l'analyse shakespearienne que j'avais promise ; je terminerai donc rapidement ce pan de mon analyse). Les animateurs ont su garder une continuité dans les décors : e.g. les trains. Inutile également de mentionner les puissants symboles, comme la laine rouge, les nattos bouillants, et plus important encore : le téléphone cellulaire, symbole, de pas son impersonnalité, de cette jeunesse couarde abandonnant toute forme de responsabilité.

School Days : analyse shakespearienne Daggeriseegs5
Art thou not, fatal vision, sensible / To feeling as to sight?


Il est ardu d'expliquer précisément comment l'histoire de ce simple anime (narrant les mésaventures fascinantes de Makoto, jeune adolescent d'une bestialité hormonale à la fois aberrante et parfaitement compréhensible, tombant amoureux de sa camarade de classe aux avantages pulmonaires conséquents), je pense que l'anime décide de sortir des sentiers battus en se transformant en un gigantesque foutoir émotionnel (tout comme les sentiments du protagoniste, qui sombre peu à peu dans les méandres du péché, du plaisir charnel illégitime alors qu'il n'est absolument pas préparé à ça), et d'histoires abracadabrantes qui s'entrechoquent : une véritable anarchie contestataire des règles du genre, vers l'épisode 6.

Le cauchemar absolu débute au sixième épisode de cette saga mémorable. Jusque là, le spectateur semble se dire qu'il a fait l'erreur de visionner ce spectacle au premier degré : c'est loin d'être une erreur, puisqu'il faut considérer les choses comme elles sont en pénétrant dans l'oeuvre, de façon à ressentir pleinement les relations entre les personnages, tout en souhaitant la fin de l'immonde (anti-)héros Makoto, fin qui paraît, à ce stade de l'histoire, inéluctable et salvatrice, du moins pour notre sens moral. Selon cette logique, l'anime est une série romantique banale des épisodes un à cinq, virant rapidement en harem plus réaliste des épisodes six à neuf (réaliste dans le sens où les sentiments des personnages, aussi science-fictifs puissent-ils êtres, sont réellement pris en considération), puis au drame psychologie (épisodes dix et onze) pour se conclure magistralement en thriller horrifique dans le dernier épisode avec sa fin sulfureuse si décriée.

Outre les réflexions assez notoires sur l'amour et le sexe, l'amitié et la trahison, School Days se veut surtout une tragédie shakespearienne, dans l'ordre de Hamlet, Macbeth, Othello, et al.

La série, dans son ensemble, semble à la fois souffrir d'un excès d'émotion (viz. Kotonoha et al.) et d'une carence en émotion (viz. Makoto, et al.), offrant ainsi à la fois un mélodrama conséquent et une auto-critique sur l'impossibilité pour une oeuvre de se renouveler. Mais en général, la structure narrative même semble s'enligner dans les sentiers tracés par Macbeth et autres : après tout, nous sommes face à la chute d'un héros qui a précédemment atteint la gloire, le tout baignant dans une violence émotionnelle et une émotivité violente ; le drame est bien présent.

Mais School Days a échoué dans sa tentative de présenter une tragédie car, justement, ses personnages sont irrécupérables. Dans ce sens, aussi lisses puissent-ils êtres, les personnages de School Days sont des gens d'une méchanceté gratuite, irréaliste, un poil risible. Et dans leur irrécupérabilité, les personnages freinent le scénario, et autant il réussit à sembler dramatique, autant dans les faits, le show en général se trouve être incapable de produire la réaction nécessaire d'un public face à une tragédie - je pense qu'on peut s'avancer et dire qu'il se trouve être incapable de produire quelconque émotion. Il devient extrêmement difficile de ressentir de la pitié (sentiment on ne peut plus humain) envers des êtres que la série a elle-même décidé de dépeindre comme inhumains et inhumainement prédisposé à la méchanceté ; on ne peut ressentir de la peur pour leur destin "tragique" car nous savons que nous ne sommes pas, comme eux, irrécupérables.

En condamnant ses personnages, en s'auto-parodiant en nommant son protagoniste "Makoto" ("sincérité", "loyauté", "honnêteté"), la série s'auto-flagelle. On pourrait penser que ça se limite à son protagoniste ; non ! La série s'en prend elle-même à l'intégralité de son cast de personnages en les présentant comme adeptes des pratiques les plus déplaisantes auxquelles des adolescents puissent s'adonner - e.g. le commérage, le nourrissement de rumeurs, le taxage, l'insensibilité brutale, la trahison, la curiosité vilaine, l'obsession, et surtout, l'idée de se sacrifier à ses pulsions, sexuelles, violentes, voire meurtrières. Comme je l'eusse mentionné, School Days est un monde où un téléphone cellulaire est brandi comme un stilleto dans une attitude d'insensibilité émotionnelle dégueulasse.

Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas regarder la culture visuelle japonaise de la même façon après avoir vu ce bijou qu’est School Days, avec sa pseudo-intensité psychologique et sa justesse ironique dans le traitement de l’intrigue et des personnages. Ainsi, la fin de la série n’est plus simplement un retournement de situation ahurissant mais juste un enchaînement logique et somme toute parfait compte tenu de ma mise en place de l’histoire.

School Days : analyse shakespearienne Sd3copie1pe0
There 's nothing serious in mortality /All is but toys: renown and grace is dead / The wine of life is drawn, and the mere lees / Is left this vault to brag of.


Dans ce cadre, l’assassinat de Makoto est particulièrement frappant puisque bien qu’étant dans la même pièce, Sekai choisit de faire ses adieux à celui qu’elle aime par téléphone interposé plutôt que de lui dire à haute voix, avant de le poignarder sauvagement… Elle ne lui parle d’ailleurs qu'une seule fois durant cette scène, et ne lui révèle ses sentiments que lorsque qu’elle l’a déjà transpercé de toutes parts, comme si l’acte de vengeance passait avant la réconciliation orale.

Difficile de ne pas admettre que School Days a su manier le thème de l'incompréhension entre les personnages d'une façon magistrale, cette incompréhension qui semble, dans l'imaginaire collectif des auteurs de cette oeuvre, une caractéristique fondamentale totalement innée chez l'être humaine (thème, d'ailleurs, t`res shakespearien s'il en est). Makoto ne se comprend que lui-même : tout ce qui est dans son intérêt lui profite et toute petite contrariété (de quelconque ordre) l'irrite. Il préfère donc agir en lâche et fuir ses responsabilités, solution de facilité classique, ce qui, couplé au plaisir charnel et à ses envies grandissantes et irrépressibles, le conduira à sa fatalité, à son destin funeste ; de leur côté, les représentantes de la gent féminines sont toutes aveuglées par l'idole ironique de l'idéal masculin représenté Makoto, qu'il ne sera bien entendu jamais, puisqu'il ne leur accordera jamais une autre importance que sexuelle.

Les méfaits de l'assouvissement de la passion à l'état pur sont grandement traitées dans les grandes tragédies antiques grecques, synonyme d'achèvement : lorsque l'homme a trouvé sa passion, il ne reste plus dans la tragédie qu'à la purger pour dépasser sa simple condition primaire et ainsi devenir Homme Véritable. Makoto est le héros de cette tragédie, qui ne réussira jamais à dépasser les limites de cette passion, et sera plutôt rattrappées par elles au point de mourir d'abord socialement dans l'épisode 11 puis physiquement dans l'épisode 12, à la façon d'un Macbeth, quoiqu'on ne parle plus ici de la passion du pouvoir, mais du sexe.

Concluons ce parallèle avec les grandes tragédies théâtres en mentionnant que vers la fin de l'oeuvre, il y a apparitions de personanges masquées, sortes de choeur grecque symbolisant la conscience des personnages dans lequel les camps antagonistes s'affrontent, s'entrechoquent, et au moment du choix, le personnage de School Days, comme guidée par une destinée sournoise, choisira toujours le mauvais ; cela rejoint l'attitude des scénaristes chez qui la fatalité est inéluctable, logique, même, chez l'être humain (notons que les cours donnés en classe pendant que les élèves s'échangent des petits mots traitent justement de la nature maléfique de l'homme, et cetera).

Néanmoins, même lorsque Macbeth s'est fait décapiter par Macduff, il est impossible que le spectateur soit resté de marbre devant ce personnage qu'il aura appris à apprécier malgré son égoïsme et son ambition perverse inégalés. Devant School Days, il est strictement impossible de ressentir quoi que ce soit ; je le sais, j'ai essayé. J'ai essayé de ressentir quelque chose pour ces personnages, mais, comme le dernier épisode se clôturait avec la croisière de Kotonoha caressant la tête décapitée de Makoto, je n'ai ressenti qu'un vide détaché que ne vient garnir que le sourire dû au ridicule de l'image mielleuse du coucher du soleil : le néant émotionnel, ni plus ni moins.

Makoto lui-même avait si peu de considération envers autrui qu'il semblait un démon venu des Enfers ; en aucun cas un être humain, un compatriote sur cette Terre que je pleurerais volontiers. Le néant émotionnel, je vous dis. La décadence émotionnelle, aussi caractéristique puisse-t-elle être de l'être humain, ne s'exécute pas aussi facilement, aussi rapidement et surtout, aussi violemment, encore moins chez des FUCKING LYCÉENS DE SEIZE ANS.

School Days : analyse shakespearienne Asisuspectedht9
There is no tragedy inside you


En conclusion, School Days est un dessin animé japonais où tous les personnages sont développés de façon à ce qu'il soient également détestables : son adhérence à l'idéologie de la corruption totale (stipulant que l'Homme est devenu l'esclave du péché à la suite de la Chute, le rendant incapable d'accepter le Salut même lorsque celui-ci lui est offert) la rend complètement vide de toute réflexion, et il n'y d'autre sentiment qui pousserait le spectateur lambda à visionner cette merde que le désir goulesque d'assister au carnage final.
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Phong~Wind

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PostSubject: Re: School Days : analyse shakespearienne   School Days : analyse shakespearienne Icon_minitimeSat Feb 14, 2009 1:54 am

Non!

Ne me dis pas que tu as revisionné cet anime pour l'analyser...!
Et, tu as l'air de mieux l'apprécier que la dernière fois où tu en a parlé!

Quoi qu'il en soit, moi, par contre, j'ai éprouvé une certaine pitié pour Makoto quand il a subi sa mort émotionnelle à l'épisode 11.

Mais, c'est vrai que je me suis bien senti quand est arrivé le climax, lorsque Makoto, d'un air sidéré, rencontre sa mort, le couteau enfoncé dans son coeur, ses yeux révulsés, le sang giclant.

Oh maintenant que j'y pense, il pourrait y avoir un personnage attachant finalement : la petite soeur de Kotonoha. Mais, pfft...

En tout cas, qu'est-ce qui m'a poussé à regarder cet anime au complet?
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