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 Apprécier Watchmen à sa juste valeur

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Windspirit

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PostSubject: Apprécier Watchmen à sa juste valeur   Apprécier Watchmen à sa juste valeur Icon_minitimeTue Mar 10, 2009 9:09 pm

Le premier comic de super-héros apparait aux États-Unis en 1938 dans Action Comics #1 et s’appelle Superman. Il a été créé par Jerry Siegel et Joe Shuster. Le succès fut immédiat ; dans les années qui suivirent, DC Comics publie les aventures d'autres super héros, dont Flash Gordon, Green Lantern, Wonder Woman et plus important encore : Batman.

La maison d’édition Marvel décide de se lancer aussi dans ce marché dès 1939, l’année de la création de Batman par Bob Kane et Bill Finger. Tout commence avec le premier Human Torch et le prince Namor alias The Submariner, rétrospectivement le premier mutant. Néanmoins, il faut attendre 1941 pour que Marvel sorte son premier super-héros de légende imaginé par le légendaire Stan Lee : Captain America.

L'univers DC Comics atteint sa maturité vers les années 60 avec la Justice League of America qui a relancé la popularité des comics de super héros après des années 50 obscurantistes ; de son côté, Marvel surfe sur la vague du succès des histoires de super héros et publie les oeuvres de Stan Lee : Hulk, Thor, The Fantastic Four, Iron Man, Spiderman, Daredevil et les X-men pour citer les plus importants. Marvel va jusqu'à ressusciter Captain America pour mener les Avengers, rassemblement de super héros destinés à concurrence la JLA.

À ce moment, on peut dire que l'univers des super héros comment on le connait est bien installé ; les années 70, par contre, ont été la scène de plusieurs bouleversements, notamment via l'apparition des anti-héros : Blade, Ghost Rider, ou encore The Punisher, des figures politiquement incorrects et extrêmement violentes qui sont loin d'être associables au symbole de justice américaine qu'était Captain America.

Cela n'a évidemment pas empêché les véritables super héros de fleurir, et c'est ça le problème : les chapitres sortent, sortent et sortent, mais aucune évolution n'est achevée, tout n'est que banale répétition du même schéma. C'est quand même hallucinant quand on voit l'évolution nulle qu'il y a dans, par exemple, Spiderman, où les méchants se ressemblent tous et sont trop nombreux au profit des personnages récurrents qui pourraient bénéficier de la longueur de l'oeuvre pour évoluer - la famille Osborne pour ne citer qu'eux !

C'est là qu'entre Watchmen. Adapter Watchmen au cinéma, pourquoi pas, mais l'holywoodisation a fait des ravages et il est important de souligner un point qui a été bestialement édulcoré par rapport à la bd : le traitement des personnages. Car Watchmen en livre répondait à d’autres réalités que le Watchmen en film.

En 1986, quand sort Watchmen, les super héros américains ont bientôt cinquante ans d'existence, et l'un des enjeux de la BD était de désacraliser le mythe du héros classique qui a pourri certaines séries (Spiderman pour ne citer qu'elle). Dans Spiderman, Benjamin Parker disait : "avec les grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités" ; ce dogme du monde des super héros a complètement perdu son sens avec Watchmen, parce qu'autant la première génération de super héros (les Minutemen) ne possédaient aucun super pouvoir mais répondaient à un problème net : arrêter les criminels, autant la nouvelle génération est bien différente, et même pathétique.

Les Minutemen s'amusaient à se déguiser en hiboux et en insectes pour arrêter le crimes, mais les Watchmen, bien que n'ayant pas de pouvoirs, ne sont là que pour suivre les pas de leurs aïeuls et ne se battent pour rien du tout. Ozymandias est un homme bourré de hontes (son homosexualité et son passé de prostitué, notamment) et de complexes (d'où les symboles quasi-phalliques que représentent les magazines et les figurines à son effigie), mais trop orgueilleux pour l'accepter, qui veut néanmoins oeuvrer au nom d'une étrange salvation pour l'humanité. Rorschach est un extrémiste qui combat le mal par le mal : derrière ce masque multimorphe se cache un rouquin maigrichon qui cache bien son jeu puisque c'est un véritable bulldog enragé ("None of you understand. I'm not locked up in here with you. You're locked up in here with ME."). La Silk Specter II est trop dépendante affectueusement envers sa môman pour suivre ses propres envies, et Nite Owl II est un véritable adolescent dans la mi-trentaine bedonnant et immature qui n'arrive même plus à bander sans son costume.

Et finalement, le Docteur Manhattan détient plus de super pouvoirs que n'importe quel super héros jamais créé, mais considère n'avoir aucune responsabilité vis-à-vis des humains, il ne considère même pas la race humaine comme importante, il les voit comme des termites (dixit). C'est d'ailleurs pour ça que sa nudité ne le trouble pas : auriez-vous honte d'être vu dénudé par des fourmis ?

Avec Watchmen, Alan Moore met complètement fin au mythe du super héros en prenant le genre complètement à contre pied ET en créant une histoire complexe, mais ô combien passionnante et riche, une histoire qui nous plongea dans une Amérique fasciste et totalitaire où un Ozymandias délirant complètement exécute un plan classique, mais au dénouement stupéfiant et au final grisant. Une seconde lecture de la BD montre au lecteur la minutie extrême du schéma scénaristique, le soin exacerbé que les auteurs portent à leur oeuvre, où chaque case semble avoir été savamment imaginée, travaillée et retravaillée pour pvooquer le maximum d'impact. Et je n'ai même pas traité la force de certaines personnalités : Rorschach et le Docteur Manhattan justifient à eux seuls qu'on s'intéresse à cette oeuvre tellement ces personnages sont magnifiques.

Watchmen aura été un véritable coup de pied dans la fourmillière non seulement par sa concision et la qualité astronomique de son scénario, mais aussi et surtout par le renouveau du genre qu'il présente, et c'est précisément pour cela qu'il s'agit d'une véritable révolution et de l'une des oeuvres artistiques les plus marquantes de l'histoire.

De ce point de vue-là, il est extrêmement dommage de se cantonner une film, qui est arrivé trop tôt dans l'histoire des super héros au cinéma : ce monde est relativement jeune (tablons pour les années 90 avec les Batman de Tim Burton qui ont lancé la mode, suivis vers la fin des 90s et début des 2000s avec X-men, Spiderman, Fantastic Four, de nouveaux Batman et Superman et même plus récemment les badass des années Ghost Rider ou The Punisher (voire même Hellboy)). Il est donc beaucoup trop tôt pour adapter Watchmen en conservant son message négatif (voire même négativiste et nihiliste) ; on a déjà adapté l'histoire d'un terroriste anarchiste (V for Vendetta), toujours d'Alan Moore, mais il y a un marché à satisfaire et tellement de fric à se faire, impossible de ne pas fournir au public ce qu'il recherche, ne serait-ce qu'en partie.

Le public non-initié verra des personnalités fortes et atypiques, donc une légère critique des super héros, mais ce n'est rien comparé au comics : le film reste extrêmement divertissant (je n'ai pas vu les 2h50 minutes filer) et reprend plusieurs des messages et surtout de la force scénaristique hors limite du matériel d'origine, mais il perd une bonne partie de la puissance de l'oeuvre pour des problèmes de contexte et surtout de money.

C’était trop tôt.

Mais maintenant, c'est trop tard : l'horloge marque minuit.


tl;dr (too long ; didn't read pour les incultes) : le film Watchmen est le squelette de l'oeuvre, lisez la fucking BD, bande d'ignares.
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